En application de l’article 50-1 de la Constitution, le Gouvernement a souhaité faire une déclaration devant l’Assemblée nationale sur l’avenir de l’Union européenne et sa vision du projet européen, qui a été suivie d’un débat auquel j’ai pris part.

Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a redit que le Président de la République a fait de l’ambition européenne renouvelée une priorité de son mandat pour la France, rappelant les discours d’Athènes et de la Sorbonne de ces dernières semaines. Au-delà de la nécessité de coopérer avec nos partenaires, il a insisté sur le fait que “seule l’Europe peut nous permettre d’exercer pleinement notre souveraineté, de conserver la maîtrise de notre destin”.

A la suite de ce discours, j’ai pris la parole afin d’aborder l’avenir de la défense européenne. Délibérément écartées à l’origine, les fonctions régaliennes sont restées du ressort des États. En matière de défense, la guerre froide avait placé l’OTAN en situation fédératrice. Par la suite, les budgets ont été allégés à l’aune des « dividendes de la paix ». Mais aujourd’hui, les États de l’Union prennent progressivement conscience de leurs intérêts stratégiques communs, ainsi que du déséquilibre entre d’une part, le poids économique et financier de l’Union, et d’autre part, son rôle politique, diplomatique et militaire qui reste encore mineur. Or, si l’Europe politique ne se réduit pas à la défense, celle-ci peut constituer un de ses instruments d’expression.

Avec le retrait du Royaume-Uni, les capacités militaires de l’Union européenne vont se retrouver réduites de 25 % au 30 mars 2019. La France sera la seule puissance nucléaire et le seul État membre à disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Nous devons donc nous poser la question d’une stratégie commune, sans laquelle nous ne serons plus en mesure d’investir pour le développement de nos capacités militaires. C’est le sens même de la coopération structurée permanente qui devrait être lancée d’ici à la fin de l’année. Nous aurons d’ici peu l’opportunité de progresser dans la mutualisation de certaines de nos forces et équipements, de renforcer la culture de coopération et d’approfondir l’intégration européenne en terme de défense.

Mais au-delà des volontés politiques, aussi vigoureuses soient-elles, mon temps de commandement au sein de la brigade franco-allemande et mes recherches auprès de Bronislaw Geremek sur l’armée polonaise m’ont permis de comprendre qu’il existe un fossé à combler dans nos différences d’organisations hiérarchiques, nos moyens matériels et nos pratiques militaires. Nous devrons créer des liens entre nos soldats, nos techniciens, nos régiments. Nous devrons créer des liens à tous les niveaux.

Vous pouvez retrouver l’ensemble de mon intervention ci-dessous :