Appel à l’action et demande au gouvernement américain de prolonger le Traité New START
Mesdames et Messieurs les Représentants,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Chers collègues,
Le traité New START de réduction des armes stratégiques est le seul accord restant qui limite les forces nucléaires des États-Unis et de la Fédération de Russie. S’il arrive à expiration début 2021, ce sera la première fois depuis 1972 qu’aucune limite quantitative n’est en place de part et d’autre. Bien que l’Europe n’ait pas participé aux négociations du New START, elle est à la fois bénéficiaire de la stabilité apportée par le traité et victime potentielle d’une incertitude et d’un danger bien plus grands si celui-ci venait à disparaître.
En tant que responsables qui s’efforcent de protéger la santé et la sécurité de millions de citoyens européens, nous nous sentons angoissés par la possibilité que le New START puisse expirer dans moins de quatre mois. Nous voudrions appeler nos collègues, les représentants élus des États-Unis, à agir sur cette question. Le large soutien qui continue d’être accordé au New START par de nombreux membres du Congrès américain nous donne l’espoir que les efforts bipartites au sein du gouvernement américain peuvent contribuer à assurer la survie du traité.
Le New START a directement contribué à la réalisation de la dissuasion mutuelle à un niveau d’arsenaux nucléaires stratégiques beaucoup plus bas qu’espéré. Le traité a ainsi contribué à stabiliser la situation de la sécurité européenne, ce qui est un intérêt commun à tous les membres de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), y compris les États-Unis, ainsi qu’à l’Europe élargie.
Le New START laissait la porte ouverte à des contacts permanents ainsi qu’à des améliorations négociées – des portes qui sont maintenant fermées, sinon totalement fermées. Ceci est particulièrement important dans le contexte des armes nucléaires qui doivent encore être réglementées en Europe, y compris les armes nucléaires tactiques russes, qui comportent toutes des risques d’accident et d’erreur de calcul et qui ne seront pas réglementées sans un accord stratégique entre les États-Unis et la Russie comme base et tremplin.
Bien que nous soutenions l’appel à discuter de la prochaine génération de contrôle des armes et la nécessité d’examiner le rôle de l’arsenal nucléaire chinois, l’extension du New START et l’engagement d’un dialogue de bonne foi avec d’autres puissances nucléaires ne s’excluent pas mutuellement. En fait, ils sont tous deux nécessaires en vertu des obligations prévues à l’article VI du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) auquel les cinq principaux États dotés d’armes nucléaires sont parties.
Comme l’a montré le processus qui a conduit au New START, il faut du temps pour négocier des solutions qui répondent aux objectifs louables mis en avant par les États-Unis et la Russie lors de leurs pourparlers de stabilité stratégique cette année. En bref, la prolongation de la durée du New START n’est pas une fin en soi. C’est un outil mutuellement bénéfique pour maintenir la stabilité, la transparence et la prévisibilité alors que nous écrivons ensemble un nouveau chapitre de la maîtrise des armements.
Dans cet esprit, nous nous félicitons du respect continu du Traité par les États-Unis et la Russie et des efforts actuels pour le mettre en œuvre autant que les circonstances posées par le COVID-19 le permettront. Bien que les inspections sur place aient dû être suspendues en raison de la pandémie, il est positif de noter qu’au moins 1 096 notifications ont été échangées par les États-Unis et la Russie entre fin mars et début octobre, ce qui porte le total à au moins 20 911 notifications au cours de la dernière décennie. Sans ces informations, les États-Unis et la Russie n’auraient pas une compréhension actualisée, système par système, de l’état de l’arsenal nucléaire de l’autre.
Nous notons également les 328 inspections sur site qui ont été effectuées à ce jour, ainsi que l’échange de données biannuel récemment achevé sur les missiles balistiques, les bombardiers lourds, les bases nucléaires, les sites d’essai et les installations de stockage relevant du traité. Si le programme New START n’est pas prolongé, toutes ces précieuses informations de surveillance seront perdues, ce qui limitera la confiance et la communication, qui sont importantes si l’on veut éviter que l’Europe ne soit un dommage collatéral dans une nouvelle grande puissance de la guerre froide et dans une course aux armements nucléaires naissante.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, l’a bien dit plus tôt cet été : “Nous ne devrions pas nous retrouver dans une situation où nous n’avons aucun accord réglementant le nombre d’armes nucléaires dans le monde“. À cette fin, nous souhaitons exprimer notre intérêt à coopérer avec vous pour exhorter le gouvernement américain à accepter la prorogation du New START.