Ce déplacement était la conséquence directe de la ratification par la France de la convention d’entraide judiciaire entre nos deux pays, que j’ai portée au début de l’année devant la commission des Affaires étrangères et dans l’hémicycle.


Nous nous étions fixées deux objectifs : les autorités comoriennes à entamer au plus vite le processus de ratification et mieux appréhender la réalité des Comores, en rencontrant les ONG, les acteurs privés, les élus, en nous rendant sur le terrain et en visitant autant d’infrastructures que possible, pour ainsi comprendre les origines de la pression migratoire que connaît Mayotte.


Concrètement, la grande majorité de notre déplacement a eu lieu sur l’île de Grande Comore, où nous avons notamment rencontré Dhoihir Dhulkamal, Vice-Président de l’Assemblée, le Ministre de la Justice et le Ministre des Affaires étrangères. Ces nombreux échanges se sont concentrés sur la coopération nécessaire entre nos deux pays sur de nombreuses politiques et visaient également à nous assurer que les Comores ratifient prochainement la convention d’entraide judiciaire.


Sur le terrain, nous avons notamment visité le commissariat principal et la prison de Moroni, pu remarquer l’absence de gestion coordonnée de la collecte et du traitement des déchets -avec les conséquences environnementales et sanitaires en découlant – en nous rendant à la déchetterie d’Itsoundzou, ou encore constater la situation plus que préoccupante des hôpitaux et infrastructures de santé, notamment à l’hôpital de Mitsamiouli.


Nous avons aussi souhaité aborder la question de la radicalisation et du développement de l’intégrisme. Tandis qu’une part des jeunes générations part se former dans des pays appliquant strictement la charia, et revient avec de nouvelles pratiques et une nouvelle vision des choses, les perspectives d’insertion sociale très faibles, pour ceux qui restent au pays, poussent les plus vulnérables à se tourner vers une lecture stricte du Coran et les prêches d’imams radicaux.


La deuxième partie de notre déplacement devait à l’origine se dérouler sur l’île d’Anjouan. Cependant, à la veille de notre arrivée, un soulèvement y a éclaté. Aujourd’hui, la situation intérieure reste tendue. Ce soulèvement semble en particulier dû à la réforme constitutionnelle approuvée par le référendum du 30 juillet dernier. Cette révision de la constitution rend possible le maintien du président au pouvoir jusqu’en 2029 et entame fortement le système de présidence tournante qui permettait à chacune des trois îles de soumettre un candidat à tour de rôle.


En lieu et place, nous nous sommes rendues sur l’île de Mohéli, ou nous avons pu découvrir le potentiel des Comores. Son parc marin, qui est en grande partie financée par l’aide de l’Agence française de développement, est un site dont la préservation constitue un enjeu majeur, notamment face aux risques de l’érosion.


Comme l’a souligné le Journal de Mayotte, le débat nourri et l’échange en profondeur que nous avons eu montrent l’intérêt de mes collègues pour ces îles, à quelques kilomètres de la France. De nombreux points ont été évoqués, afin de rendre notre coopération plus efficace, de lutter contre l’immigration clandestine, de nous assurer que les fonds alloués soient utilisés au mieux et ainsi, face au constat que nous avons établi, améliorer la situation générale. Nous nous sommes accordés sur le fait que nous devrions porter ces problématiques au cours de l’examen du projet de loi de programmation sur l’aide au développement,que nous examinerons au printemps. 


Thani Mohamed Soilihi, sénateur de Mayotte, avec qui nous avions échangé à de nombreuses reprises, a salué le fait que la représentation nationale se saisisse enfin de la question. Il a pointé qu’il était nécessaire d’intensifier la lutte contre l’immigration clandestine,en suivant la trajectoire actuelle, soulignant que notre diplomatie devait s’en saisir pleinement et qu’il s’agissait d’un point essentiel pour approfondir la coopération avec les Comores.


Notre commission restera saisie des nombreuses questions que notre déplacement a soulevées, afin d’établir la meilleure feuille de route pour notre coopération bilatérale, en suivant notre logique de soutien au développement de la diplomatie parlementaire.

Vous pouvez retrouver l’ensemble de la réunion de la commission ci-dessous.