De janvier à juin 2019, la Roumanie assure la présidence du Conseil de l’Union européenne. Le Parlement roumain a donc organisé, comme les autres parlements des Etats assurant la présidence du Conseil, une conférence interparlementaire sur les relations extérieures de l’Union européenne et les questions de défense. Je m’y suis rendue, avec plusieurs de mes collègues sénateurs et députés, du 6 au 8 mars dernier.

Cette conférence et les échanges qui en ont découlé se sont concentrés sur les priorités de la présidence roumaine, des questions du partenariat oriental, de la stratégie en Mer Noire et autour du Danube et des relations avec les Balkans occidentaux aux questions de défense telles que la guerre hybride et la coordination des différents outils de défense européens. La question de la coopération avec le Royaume-Uni, alors que le Brexit est imminent, a également été abordée.

La politique de voisinage a toujours été une action majeure de l’Union européenne, que ce soit dans le cadre de la politique d’élargissement ou de simples partenariats. Aujourd’hui, les relations que nous entretenons avec les Balkans occidentaux et les Etats à l’est de l’Union européenne visent à assurer leur stabilité, leur sécurité et leur prospérité. Nos relations impliquent, du côté de nos partenaires, des réformes politiques et économiques, notamment pour appliquer l’« acquis communautaire », en échange de relations contractuelles, d’accords de libre-échange et de démarches visant à libéraliser le régime des visas.

En ce qui concerne les outils de défense, la stratégie globale de l’UE lancée en 2016 a permis de disposer d’une ligne directrice claire, à travers 5 priorités. Depuis 3 ans, de nombreuses initiatives ont été lancées. Nos échanges se sont concentrés sur les bénéfices de ces outils pour nos forces armées, et leur rapport vis-à-vis des efforts menés. Le triangle « CARD-PESCO-FED », qui a été au cœur de nos échanges, regroupe trois instruments complémentaires, pour consolider et appuyer les efforts des Etats.

En quelques mots, la Coordination annuelle révisée en matière de défense (CARD) vise à offrir une vue d’ensemble sur le niveau des dépenses, des investissements nationaux et des efforts de recherche dans le domaine de la défenseau niveau de l’UE. Cette cartographie, devenue permanente il y a quelques mois, s’intègre dans la stratégie de coopération des Etats de l’UE.

La PESCO, CSP en français pour coopération structurée permanente, a été mise en place en décembre 2017 par 25 Etats-membres. Aucunement une délégation de souveraineté sur nos armées, cet instrument a posé un ensemble d’objectifs tels que la croissance constante des budgets de la Défense et la participation aux mécanismes de développement des capacités, dont la CARD. 17 projets ont été lancés en mai 2018, 17 nouveaux en novembre 2018.

Le Fonds européen de Défense (FED), vise quant à lui à soutenir les investissements dans la recherche et le développement commun de technologies et matériels de défense. En cours de mise en place, il disposera d’un budget de 500 millions d’euros annuel pour la recherche et d’un milliard d’euros annuel pour le développement dans le prochain cadre financier pluriannuel de l’UE.

Concernant le Brexit, il nous faut retenir que le départ du Royaume-Uni implique la sortie d’une des plus grandes puissances militaires de l’UE. Afin d’éviter une rupture des relations en matière de sécurité et de défense, les britanniques souhaitent mettre en place un « partenariat spécial et approfondi », en continuant de coopérer et en conservant un dialogue permanent. Ces relations seront nécessaires, au regard de la place privilégiée du Royaume-Uni sur la scène internationale et de ses capacités militaires. Cependant, en cas de no deal, la future relation sera à redéfinir. Du côté européen, nous devrons également voir le départ des britanniques comme une opportunité pour plus d’intégration et d’harmonisation entre les Etats membres.

Enfin, ces conférences sont aussi un moyen de resserrer les liens entre les parlementaires des Etats membres. J’ai ainsi eu l’occasion d’échanger longuement avec Andrea Orsini, Député italien et président du Comité en charge de la politique extérieure de l’Union européenne, ainsi que des membres des Commissions de la Défense et des Affaires étrangères du Bundestag.