Face aux présomptions d’utilisations par le régime syrien d’armes chimiques contre des civils, j’ai interrogé aujourd’hui le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur les décisions que nous pourrions et devrions prendre dès lors que l’utilisation de ces armes serait avérée.
Dès le mois de mai 2017, le Président de la République avait fait de l’utilisation d’armes chimiques contre des civils en Syrie une ligne rouge qui ne pouvait plus être dépassée , sous peine d’une intervention immédiate de la France. Il a rappelé hier que, s’il est avéré que des armes chimiques proscrites sont utilisées contre les civils par le régime syrien, nous nous tenions près à frapper.
En août 2013, une attaque massive et coordonnée avait déjà tué plus de 350 civils dans la Ghouta orientale, à quelques kilomètres de Damas. Certaines sources portaient ces estimations à plus de 1500 victimes. La responsabilité du régime syrien avait été avérée. Nous avions alors menacé le régime de frappes aériennes, qui n’ont jamais été mises en application. En avril 2017, les services de renseignement français ont prouvé que le régime syrien avait fait l’usage d’armes chimiques, tuant plus de 88 civils, dont 31 enfants, dans la province d’Idlib. Les États-Unis avaient alors bombardé, en répression de ces actes, la base de Khan Cheikhoune.
“La France procédera à des frappes militaires contre les installations du régime en cas de nouveau recours aux armes chimiques par les forces de Bachar al-Assad, dès lors que ces attaques présentent un caractère létal et que la responsabilité du régime est avérée.” (Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, 14 février 2018)
Le ministre, dans sa réponse, a rappelé que ces attaques étaient contraires aux acquis du droit de la guerre, et qu’elles contrevenaient à l’ensemble des principes des droits de l’homme reconnus internationalement. En conséquence, le Président de la République a annoncé que la France frapperait “en cas de nouveau recours aux armes chimiques par les forces de Bachar al-Assad, dès lors que ces attaques présentent un caractère létal et que la responsabilité du régime est avérée.” Il a également rappelé notre engagement sur la scène internationale contre l’impunité. Afin d’éviter les blocages du Conseil de sécurité, la France a organisé un partenariat international contre l’impunité de l’utilisation d’armes chimiques, qui a pour objectif d’identifier les auteurs d’attaques chimiques et d’établir une liste des personnes impliquées. De nombreux États en sont membres et y associent leurs services de renseignement, afin de s’assurer que justice soit faite.